En raison de la pandémie, le tout-jetable a refait surface. Gants en latex, masques à usage unique, flacons de gel hydroalcoolique… les produits jetables font leur grand retour. Ce qui ralentit grandement les efforts entrepris auparavant pour limiter la pollution par ces déchets. Durant les mois de confinement, la pollution de l’air a fortement baissé, mais celle par les emballages et projections jetables a augmenté. La Covid-19 aura-t-elle raison de notre combat pour l’écologie ?
La pollution au plastique, une autre conséquence de la Covid-19
Depuis le début de la crise sanitaire, l’utilisation des masques est considérée comme le principal geste barrière contre la COVID-19. La production et la vente de ce produit ont donc fortement augmenté. Selon la CNUCED, il s’en est vendu pour plus de 166 milliards de dollars en 2020. En 2019, la vente de masque a généré plus 800 millions de dollars.
Si la situation a profité aux laboratoires et industriels, on ne peut en dire autant pour l’écologie. Si les masques sont vus comme une protection, mais ce ne sera sûrement pas celle de l’environnement. Une fois utilisés, ils se retrouvent dans les décharges mais aussi dans la nature. Un constat que les autorités ainsi que les défenseurs de l’environnement n’ont pas manqué de remarquer : les dommages environnementaux sont colossaux.
Face à l’ampleur de la situation, le PNUE exige des gouvernements une meilleure gestion des déchets médicaux et domestiques. A cet effet, des entreprises telles que Dénéthyse travaillent désormais sur des solutions plus respectueux de l’environnement. Masques réutilisables avec filtres interchangeables, sacs et gants compostables, système d’ouverture de porte à pédale et solution de traitement de l’air et matériel sans désinfectants chimiques… les laboratoires de recherche travaillent sur des équipements plus écologiques mais toujours efficaces contre le virus.
Pollution au plastique : un sujet alarmant bien avant la crise sanitaire
A ne pas se méprendre toutefois : la pollution au plastique est un sujet qui a toujours été d’actualité. Il n’est plus à répéter que le plastique a une durée de vie de 100 à 1 000 ans. Il faudrait plus d’une vie pour voir nos propres déchets plastiques se dégrader. Pourtant, ce fléau augmente de jour en jour, malgré les multiples campagnes de sensibilisation.
Chaque année, avant même la pandémie, les Français jetaient déjà plus de 11 000 tonnes de déchets plastiques. Avec la crise sanitaire, la situation n’a fait qu’empirer. Le combat contre la Covid-19 a pris le dessus sur celui pour la préservation de l’environnement. Dans le milieu hospitalier, les déchets ont été multipliés par quatre. Il en est de même au sein des ménages rien qu’avec l’utilisation de masques jetables. Leur production, leur vente et leur consommation ont augmenté de manière exponentielle, tandis que les entreprises du secteur de l’emballage ont vu leur production augmenter de près de 30%. A cela s’ajoute le quasi arrêt du tri sélectif. La plupart des centres de tri et déchetteries sont à l’arrêt en l’attente d’une amélioration de la situation. Compte tenu de l’évolution de l’épidémie, l’usage du tout-jetable n’est pas près de ralentir de si tôt. Si ce phénomène n’est pas régulé au plus vite, la crise sanitaire nous plongera sous une montagne de déchets plastiques.
Emballages et protections jetables : quelles solutions pour un meilleur respect de l’environnement ?
Malgré la découverte de vaccins contre l’épidémie, la situation sanitaire reste incertaine. L’usage des masques est toujours préconisé, voire obligatoire. De même pour les gants, les visières et autres produits de protection. Il ne faut pas se le cacher, ceux-ci font désormais partie intégrante de nos vies.
Selon un rapport publié par The Pew Charitable Trusts, d’ici 2040, les déchets plastiques augmenteront de onze tonnes par an. Il est toutefois possible d’éliminer jusqu’à 80 % de cette pollution. Cela commence avant tout par une prise de conscience mondiale. Chaque pays doit revoir son approche sur l’usage et le recyclage des produits à usage unique. En France, les chercheurs et les industriels sont à pied d’œuvre pour trouver des solutions écologiques efficaces et durables.
Le masque fait partie des protections à usage unique que nous utilisons le plus actuellement. Pour l’heure, les masques ne peuvent être recyclés, ils doivent être incinérés car ils sont considérés comme agents infectieux. Des chercheurs ont tout de même mis au point une machine permettant de réutiliser les masques en polypropylène. Il s’agit des travaux d’une PME basée à Nantes appelée Ingenica. La machine en question permet de désinfecter les masques déjà utilisés à partir de rayons ultraviolets de type C. La durée d’exposition aux UV variera selon le type de masque. Si la machine permet de désinfecter le masque, celui-ci devra toutefois être jeté après 24 à 40 heures d’utilisation. Avec cette solution, les déchets ne seront pas éliminés mais réduits.
A Châtellerault dans la Vienne, la start-up Plaxtil a développé une solution permettant de recycler les masques. Avant de procéder au recyclage, ces derniers sont mis en quarantaine durant une semaine. Ils sont ensuite passés sous ultraviolet pour en éliminer les germes et les virus. Ils sont enfin broyés et transformés en billes de polymère qui pourront ensuite être moulées.
Les masques ne sont pas les seuls facteurs de pollution. Les emballages, les gants et autres accessoires y participent grandement. Les industriels et les laboratoires de recherche et développement s’attèlent donc à proposer des équipements plus écologiques. On pourra citer à ce titre les sacs solubles ou compostables, les masques et gants réutilisables.
Si les recherches vont bon train, chaque individu doit aussi prendre ses dispositions pour réduire ses déchets. Réemployer et réutiliser devraient être un credo actuellement. Pour les masques, selon l’UFC-Que Choisir, ils peuvent être lavés et réutilisés 10 fois avant d’être jetés.