Les conflits sont incontournables dans la société globale, dans les entreprises, les écoles ainsi que dans toutes les communautés. Heureusement, il existe des méthodes pratiques pour le diagnostic des sources des conflits organisationnels. Zoom sur le sociogramme.
Qu’est-ce que le sociogramme ?
Par définition, le sociogramme désigne une technique sociométrique, dans le domaine des sciences humaines, plus précisément de la sociologie. Il étudie les relations entre les membres d’un groupe. Il se présente sous forme de diagramme pour tirer des théories à partir de l’observation et de de la contextualisation. Hormis les relations personnelles, le sociogramme permet d’avoir des informations intéressantes sur les relations professionnelles et les canaux de communication.
Il a pour objectif de comprendre la structure de chaque communauté, puis, si nécessaire, résoudre les conflits fréquents ou occasionnels. Tous les individus peuvent essayer la technique afin d’avoir une idée sur sa position dans son groupe. Il pourrait même découvrir les préjugés de ses collaborateurs.
Genèse du sociogramme
La notion de sociogramme apparaît vers les années 30 avec Jacob Levy Moreno. Ce pionnier de la psychothérapie de groupe et de la sociométrie est arrivé aux Etats-Unis dès l’année 1925. En 1934, il a lancé l’ouvrage intitulé « Fondements de la sociométrie », traduit de l’anglais « Who Shall Survive? « . Il a mis en avant l’étude des relations interpersonnelles au sein des groupes sociaux.
L’observation participante
Selon Moreno, la sociométrie est une étude mathématique des liens psychologiques tissés au sein d’une communauté donnée. En tant que psychiatre, l’auteur a pu réaliser différentes observations avec ses patients. Il a pu avancer des théories grâce à des tests sociométriques effectués dans le monde réel. Ainsi, le groupe étudié a continué son rythme quotidien pour continuer d’exprimer des sentiments naturels. Ce qui fait partie des stratégies efficaces de la communication, appelé « observation participante ». J.L. Moreno a adopté comme formule que « Les méthodes d’investigation psychosociale ont à subir une crise de subjectivation pour acquérir une plus grande objectivité. » De ce fait, le groupe à étudier ne devrait même pas remarquer l’intervention de l’observateur pour éviter de fausser les résultats.
Le fonctionnement du sociogramme
Toujours selon Moreno, Il a établi que 3 relations subjectives sont possibles dans chaque société : antipathie, sympathie et indifférence. Comme la communauté rassemble des personnes de différentes cultures, il est assez difficile d’instaurer la sympathie. Chaque membre du groupe est obligé d’établir un lien social avec les autres pour leur propre intérêt. Certains individus qui se rejettent mutuellement continuent de travailler ensemble.
Malheureusement, aucune méthode ne peut interpréter les véritables pensées des individus. L’observateur a tendance à établir des conclusions en fonction de sa position dans la société, de ses vécus et de ses expériences professionnelles. Muzafer Sherif, un psychologue américain spécialisé en psychologie sociale, souligne aussi l’influence du contexte sur l’interprétation des relations.
Le statut sociométrique
En prenant comme terrain d’étude une salle de classe, la construction d’un sociogramme analysera les liens sociaux et la dynamique du groupe. Il est important d’observer l’enseignant et les élèves. Il faut considérer les formes de relation, issus de divers choix. En règle général, le choix unilatéral et réciproque s’avèrent les plus fréquents. Pour le choix unilatéral, l’individu A choisi l’individu B. Par contre, pour un choix réciproque, comme son nom l’indique, A choisi B, en même temps que B choisit A.
Il existe 4 statuts sociométriques. Un « meneur puissant » désigne un individu apprécié par de nombreuses personnes du groupe pour ses compétences, ses expériences ou son statut social. Il existe également le « meneur populaire » qui est choisi par une petite partie du groupe. Malheureusement, il ne peut pas prendre la place du meneur puissant, sauf en cas d’indisponibilité de celui-ci. Un individu est classé d' »isolé » lorsqu’il reste un membre du groupe mais ne peut pas être choisi ni rejeté par ses collègues. Lorsque le meneur de la communauté désigne un membre, celui-ci dispose le statut sociométrique « Eminence grise ».
Interprétation des résultats du sociogramme
De nombreux chercheurs conseillent l’immersion dans le groupe étudié pour profiter des résultats satisfaisants. Par exemple, pour étudier la dynamique des étudiants dans la salle de classe, occupez un rôle important pendant un temps considérable. Essayez de cacher votre mission d’observateur.
Après avoir tracé les relations humaines au sein d’un groupe, il est désormais possible d’établir le diagramme. Interprétez les notes fournies par chaque élève sur la liste des personnes qu’ils aimeraient collaborer sur une activité scolaire.
Les personnes choisies par une grande partie de la communauté sont considérées comme des « étoiles ». A l’absence de ces individus, l’ambiance au sein de la salle de classe pourrait être totalement différente. Si une personne paraît très importante dans les discussions verbales, alors qu’elle n’est pas appréciée par ses camarades, un conflit pourrait détruire le groupe.
Construire un sociogramme face aux conflits
Comme la société rassemble de nombreuses personnes qui peuvent avoir des idées diversifiées, le conflit n’est plus une surprise. Par exemple, dans une entreprise, les employés pourraient devenir réticents lorsque des nouvelles tâches sont attribuées sans une révision salariale. Dans la société, plusieurs formes de conflits peuvent apparaître au marché, dans les établissements publics/ privés ou encore dans les hôpitaux.
Le concept de sociogramme est incontournable dans le cadre des conflits organisationnels. Il étudie principalement les individus liés en interaction du réseau social, des groupes formels & informels, ainsi que chaque personne qui interagit avec différents acteurs. Avant d’obtenir des résultats satisfaisants, il convient de considérer tous les groupes et personnes en interaction dans une société donnée.
Pour Claude Duchet, dans son ouvrage « La sociogramme de la guerre », le sociogramme désigne un instrument conceptuel qui favorise la compréhension de l’ordre d’un discours politique. Il s’agit de la manière de penser à la fois au monde et au texte. Comme la guerre naît de conflits multiples, les discours ont toujours été le moyen d’apaisement de la tension. Autrefois, les dirigeants politiques élaborent des allocutions pour essayer de convaincre la partie opposante de ranger leurs armes. L’auteur Claude Duchet souligne que les projets révolutionnaires importants ont été lancés après les grandes guerres.